En 2021, le programme Mobili’Play, animé par la Turbine.coop pour le Département de l’Isère et Citiway, se penche sur cette question : Comment le numérique et des données peuvent améliorer les conditions de déplacement des personnes vers l’emploi ? Ce sujet était au cœur du marathon créatif Mobili’Play qui s’est tenu du 20 mai au 10 juin 2021, à raison d’une matinée par semaine, à distance. 4 équipes, constituées de professionnels de l’insertion du territoire Isérois, d’acteurs des mobilités et de designers se sont attelées à imaginer des solutions nouvelles à 3 défis. Retour sur cet événement en ligne !
De la résidence au marathon créatif
Le format marathon créatif « en ligne » n’était pas notre premier choix, vous vous en doutez. Nous aurions sans doute pour la plupart d’entre nous préféré des temps physiques de rencontres, d’échanges et de coproduction. Nous envisagions au départ une « résidence créative » de 2 ou 3 jours, rassemblant physiquement, à la Turbine.coop, des acteurs de l’insertion, des mobilité, des designers. Nous imaginions un rapide temps d’immersion, suivi de temps d’échange et de travail par équipe, auxquels auraient succédé des temps de partage plus conviviaux… et une restitution finale plus ouverte. Nous avions les espaces, des outils, l’équipe de la Turbine.coop mobilisée pour animer… mais les conditions sanitaires n’étaient pas au rendez-vous.
En février, nous avons décidé de changer notre fusil d’épaule : puisque la situation sanitaire ne s’annonçait pas meilleure à court terme et que planaient trop d’incertitudes sur le printemps à venir, nous avons commencé à envisager un scénario alternatif, à distance.
Les temps et formats en ligne ne peuvent être les mêmes que ceux en présentiel, c’est un fait. On ne pouvait par exemple pas imaginer mobiliser des professionnels de l’insertion, des mobilités, des designers, pendant 3 jours, entièrement en ligne. Après un an de COVID-19, nous avons largement entendu parlé ou directement la « Zoom-fatigue » ; difficile de demander une attention soutenue en ligne sur une longue durée, pour une journée entière… Nous avons donc décidé de découpler les temps de travail : il n’y aurait donc pas une résidence de 3 jours, mais bel et bien un « marathon créatif », réparti sur 4 semaines, à raison d’une matinée d’échange en ligne par semaine. Appuyés par Arthur Schmitt, designer à la longue expérience en la matière, nous avons construit des séances pas à pas, minute par minute. Une séance d’échange et de coproduction en ligne s’organise également différemment d’une telle séance physique : elle nécessite un rythme maîtrisé, une alternance de temps de travail et de respiration, des temps plutôt courts et dynamiques, mais aussi un outillage savamment réfléchi, une animation soutenue… et laisse moins de place à l’improvisation ou aux échanges informels !
Organiser un marathon créatif en ligne, un défi en soi !
Défi n°1 : la mobilisation
Comme nous l’aurions fait pour un événement présentiel, nous avons mobilisé un ensemble de participants, professionnels de l’insertion et des mobilités du territoire et designers. La mobilisation en temps Covid est néanmoins loin d’être facile ! Les agendas sont bouleversés par des périodes de confinement (dont au moins d’avril) qui alternent avec des phases de redémarrage brutal de l’activité, comme cela a pu être le cas en mai-juin, le tout dans un contexte d’incertitude pour tout le monde… plus d’une vingtaine de participants motivés et aux profils complémentaires ont in fine participé à la résidence (sans compter des « référents » mobilité, insertion ou techniques, mobilisés faire des retours et aiguiller les avancées des participants au fil de l’eau, ou encore les membres du jury final), répartis en 4 équipes. La mobilisation en amont mais aussi durant le marathon (4 semaines durant lesquelles les participants doivent restés motivés et garder leur projet en tête) est un vrai challenge.
Défi n°2 : l’outillage
Pour cette expérience de format créatif « long », nous avons construit des méthodes et supports d’animation, mais rien n’aurait été possible sans de solides outils en ligne. La tentation a été forte de multiplier les outils… mais nous avons finalement choisi de mobiliser 4 outils :
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un outil de visioconférence, indispensable pour les temps de présentation et d’échange en plénière, mais aussi pour les temps d’échange et de coproduction en équipe (nous utilisons l’outil libre BigBlueButton)
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un outil de travail collaboratif, véritable tableau blanc numérique, sur lequel nous avons construit des supports visant à accompagner la réflexion des participants, des idées au maquettage de leur projet (notre choix s’est porté sur Mural)
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un wiki, permettant de retrouver un ensemble de ressources sur le sujet mobilité pour l’insertion (ressources documentaires, benchmark construit par nos soins, participants…) ainsi que les liens vers les autres outils ou espace du marathon créatif (Notion).
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Un Padlet,
enfin, était à la libre disposition des participants pour rassembler ou
partager des ressources, des idées, des visuels, etc. Ce dernier outil a
été le moins utilisé.
Bien sûr, il ne s’agissait pas de laisser les participants livrés à eux-mêmes, bien au contraire ; un animateur par équipe, appuyé par un designer, était chargé d’accompagner les participants des premières idées répondant aux défis aux maquettes et à la présentation finale, au cours de séances bien définies : idéation, de l’idée à la scénarisation, de la scénarisation aux premières maquettes, sprint final et présentation à un jury.
Au final, 4 beaux projets ont été imaginés et maquettés par les équipes !
Défi n°3 : temps prévu… et imprévus
De là à dire que l’organisation d’un marathon créatif de ce genre est facile, il y a un pas que nous n’oserons pas franchir.
L’organisation d’un tel format est chronophage, de la mobilisation, à la constitution de l’outillage et de la base de ressources, jusqu’à celle des méthodes d’animation, en passant par la mobilisation et les relations avec les participants (souvent en session, mais également souvent asynchrones, pour des questions techniques ou d’indisponibilité). Cela l’est peut être moins lorsque l’on a déjà l’expérience de conduire régulièrement ce genre de format, mais cela nécessite dans tout les cas systématiquement un vrai travail pour réadapter méthodes, ressources et supports.
Autre constat : après près d’un an de situation sanitaire dégradée et de travail à distance devenu pour beaucoup une habitude… les problèmes techniques subsistent ! Difficultés de connexion (tout le Département n’est pas couvert également…), d’utilisation de certains outils (bloqués par les systèmes
de sécurité de certaines organisations, et ce malgré les tests effectués en amont), matériel inadéquat (mauvais son ou micro…). Ce qui conduit
parfois certains participants… à un vrai système D ! Son via le smartphone, supports de travail via l’ordinateur… tout est bon pour pouvoir participer.
S’adapter à la situation sanitaire… en espérant retrouver le présentiel !
L’expérience semble avoir été très satisfaisante pour la plupart des participants (même si on souhaiterait plus de temps tout en ayant une disponibilité
limitée, on aurait aimé échanger librement plus longtemps, en vrai…). Elle a sans doute été formatrice pour eux comme pour les équipes de la Turbine.coop, du Département et de Cityway. Mais ils sont sans doute, comme beaucoup, pressés de retrouver des formats présentiels, qui restent tout de même plus conviviaux, adaptés aux échanges informels (importants, quand comme lors de ce marathon, on réunit des participants de différents horizons) et à la coproduction !